1- Le titre du film
« La glace sans fin » en français et « The never melting story » pour la version internationale, s’inspirent tout deux du nom du Parc National que nous avons traversé: le Parc Auyuittuq, qui signifie en Inuktitut « la terre qui ne fond jamais ». Il fait évidemment aussi référence à « L’histoire sans fin / The never ending story ».
2- La calotte glaciaire de Penny
Nous avons traversé une partie de la calotte glaciaire de Penny. Elle est la deuxième calotte glaciaire la plus grande de l’hémisphère nord, après évidemment la calotte groenlandaise. Comme cette dernière, elle subit très fortement les effets du dérèglement climatique: sa température de surface a augmenté de 10°C au cours de la dernière décennie. Alors qu’il faut près de 100000 ans pour qu’une calotte glaciaire se forme, il peut suffire de quelques siècles ou millénaires pour la faire disparaître. Etre sur son sommet nous procurait le sentiment étrange d’être peut-être les témoins de quelque chose en train de disparaître, ou en tout cas de changer plus vite que jamais. Recevoir le « Cairn d’Or » au Festival du Film d’Exploration de Nancy, des mains de Yann Borgnet qui représentait Mountain Wilderness fut donc doublement un honneur !
3-Silencieux ? Presque jamais !
Vous pensez que ce monde de glace est figé ? Faux, il bouge tout le temps, et parfois imperceptiblement: les glaciers craquent sous nos matelas quand nous dormons, avançant de quelques millimètres par heure, avec un petit bruit régulier qui vient rythmer nos nuit… Il en est de même pour la banquise: subissant les effets de la marée, elle subit constamment des forces de compressions, donnant des bruits inquiétants parfois – surtout quand on les confond avec les pas d’un ours !
4- Quelques chiffres du film
Je suis revenu avec 6 heures de rush, et 2000 photos, soit environ 200 Go de données sur cartes mémoire. C’est relativement peu par rapport à bien des films, mais filmer à -25/-35°C vide les batteries à une vitesse incroyable, et nos panneaux photovoltaïques nous procuraient tout juste l’énergie nécessaire pour cela ! De retour de l’expédition en mai 2015, je ne savais pas vraiment quoi faire des rushs ou même si un film pouvait en naître, et le montage a commencé quelques mois plus tard. Il a eu lieu sur des sessions de travail réparties d’octobre 2015 à février 2016.
5- Budget et surprise
Si nous avons reçu l’aide matérielle de quelques généreux sponsors pour la réalisation de l’aventure (prêts, tests, réductions), le film a été réalisé avec un budget proche de zéro, sans aide quelconque, ni crowdfunding, ni bourse. Il n’aurait peut-être pas vu le jour sans l’engagement de Pieter De Naegel, qui a fait un fantastique boulot au montage ! Le but initial était de faire un film pour les amis, pour la famille, pour nous même aussi, et ce fût donc une (bonne) surprise de voir qu’il pouvait plaire à un public plus large dans des festivals, et cela dans plein de pays ! Donc oui, on peut faire un film en auto-production, à budget quasi nul, sur une aventure 100% amateur entre amis, et le montrer dans des festivals !
6- Un regret
Le premier jour, en accédant au Fjord du Couronnement, les traces d’ours et les carcasses sanguinolantes de phoques étaient nombreuses. Je subissais en même temps dès les premiers instants les gelures aux orteils, et cela me rendait… moins disponible physiquement et surtout mentalement pour filmer dirons-nous . L’ours n’était pas loin, nous aurions probablement pu le voir en le cherchant un peu. Ne pas avoir tourné d’images de l’ours et des mares de sangs dans le fjord reste un petit regret, qui aurait permis de mieux faire sentir l’état d’esprit dans lequel nous nous trouvions les premiers jours !
7- Une semaine par millimètre
C’est le temps qu’il faut compter en moyenne pour retrouver la sensibilité d’extrémités qui ont des gelures du 2e degré profond (le 3e degré menant généralement à l’amputation). Dans mon cas, il m’a fallu 12 semaines environ pour retrouver la sensibilité de mes orteils, suite à une bête erreur de chaussettes à la descente de l’avion…
8- Pas de 3e homme !
La question m’a souvent été posée : comment a-t-on tourné les plans où l’on apparaît tout les deux ? Où est le 3e homme ?
Et bien il n’y a pas de troisième homme, mais il y a bien un trépied… et de nombreux aller-retours ! Pour obtenir un plan où l’on rentre dans le champ, il m’a fallu
- Avancer pour poser le trépied, imaginer où l’on va passer et le cadrage adéquat, puis lancer l’enregistrement
- Revenir avec Manu
- Faire le trajet prévu dans le champ de la caméra
- Revenir au trépied reprendre la caméra
- Rejoindre enfin Manu pour continuer.
Si vous comptez bien, cela fait 3 fois la distance à parcourir au total. Et même un peu plus car il faut faire un détour pour ne pas laisser de traces inesthétiques dans la neige en allant poser la caméra !
Vous avez d’autres questions ? N’hésitez pas à m’écrire !
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